Carnet de notes
02.06.23
Au carré 

Direction Marseille
carré 2 sur 3
jambes rétractées
“ excusez-moi. ”
Balade mobile
confort de partir / quitter 
angoisse de l’inconnu
“vous descendez-où ?”
position inconfortable
chorégraphie : entrés et sorties
arbres, ruisseaux, vélo, champ
sur tapis sonore d’un tube géant sur rails

J’écoute la conversation entre deux inconnus face à moi
Autodidacte à 21 ans,
freelance à 72 ans,
école d’archi, ingénierie et écologie...

si proche et tellement loin de mes préoccupations actuelles
26.04.23
Ali Farka Touré

Musique divine
j’ai cru rejoindre les cieux
mon corps
a été bien trop lourd
cette fois-ci
divine mélodie
kana kassy
ton jour viendra
28.05.22
Oumou

J'ai écouté l'album Ko Sira d'Oumou Sangaré.

Je crois avoir compris pourquoi ma tante à pleurer quand on a mis la chanson Saa Magni au Mariage de mon frère Ali.

Je comprends mieux le bambara aujourd'hui. Ou peut-être que j'ai pris conscience de la profondeur des mots. Comme si avec l'âge, j'atteignais un autre niveau qui m'étais jusque-là, inaccessible.

Cette chanson parle de la mort, de sa cruauté. Des proches qu'on ne verra plus, des espaces désertés par leur disparition. Oumou Sangaré chante avec retenue. C'est ainsi qu'il faut affronter la séparation. Avec retenue.

Les yeux clos, elle fait vibrer ses cordes vocales au rythme de nos sentiments. Les bras tombants puis dirigeaient vers le ciel : "Comme la mort est amère, comme la séparation est amère [...] la mort vilaine s'accroupit dans un virage du chemin attendant pour nous".

Le rythme et les paroles me reviennent. Je balance ma tête en avant par de légers à-coups. J'ai des frissons. Pourquoi cette chanson a-t-elle cet effet sur mes sens ?

18.06.22
Badr El Hammami a dit : J’envisage les frontières comme un réseau de lignes, une forme rhizomique qui connecte tous les territoires. En effet, lorsque je regarde une carten je n’y vois pas simplement des pages juxtaposés, ni des formes mais au contraire : une ligne, des lignes, une matière travaillant à l’image de racines souterraines, de ruisseaux. Mais on ne peut envisager une frontière sans traversées.

Je pensais être la seule à voir ses lignes souterraines.

18.06.22
Un des rôles de l’anthropologue est d’observer les situations où se négocient des frontières. Par frontières, j’entends ici les petites frontières observables au quotidien entre des personnes qui ne partagent pas la même langue, entre des manières de s’habiller, de s’adresser aux aînés, d’entrer dans une pièce d’inconnus, de faire la fête, de jouer de la musique.. L’anthropologue enquête sur d’infinis manières d’être au monde.

Il me semble que le role de l’artiste devrait être similaire.

Claire Clouet, La diapora de la chambre 107, ethnologie musicales dans la diaspora soninké, édition MF, 2021, p. 21.



09.06.22
Ma soeur May a écrit ceci dans son mémoire : Louise m’a dit que lorsque les archéologues parlent de faits, ils disent vraisemblablement, car ce fait peut toujours être mis à jour. Car on ne peut jamais être sur de la véracité d’une histoire tant les points de vue et les voix peuvent être nombreuses. On pense à former un duo d’artiste depuis peu.
13.04.22
Le moi dans le petit jeu de la cellule familiale comme métonymie du moi sur la grande scène du monde. Je ne sais plus qui a dit ses mots mais ils continuent de résonner en moi.


17.02.22
Stay Woke

Des murs maudits d’Oakland, nous avons extrait des blousons noirs, des bérets, notre courage. Nous avons trop longtemps été éveillé.e.s tandis que les hommes blancs très peu.

Stay woke kid, disait Lead Belly et bien d’autres avant lui. Ses chansons sont comme des cris au monde, il conscientise les esprits à propos de la violence du monde blanc sur les peaux noires.

Si la police t’arrête : montre-lui tes mains, reste poli, ne fait aucun geste brusque, même si tu n’as rien à te reprocher, fais en sorte qu’ils n’aient aucun soupçon.

Le soupçon condamne les gens comme nous.
Tel était et reste la condition de notre survie. 

Zied et Bouna, Lamine, Adama, George Floyd : être noir a été leur fardeau et reste le nôtre.

Ils auront beau nous étouffer de toutes parts, nos cris continueront de résonner : dans les rues, les théâtres, les cinémas, les livres et les journaux. Tant que nos droits seront bafoués, notre lutte continuera. Il y en avait avant nous : les Black Panthers, Martin Luther King, le mouvement de la négritude avec Sanghor, Damas, Césaire. Il y en aura d’autres après nous.

Nous sommes noir.e.s, arabes, femmes, trans, homos, lesbiennes. Stay woke. Votre asphyxie sur nos corps n’a que trop longtemps duré.
25.02.2022
Ma langue


Ma langue est répétitive
Pleine de moi moi moi de je je je
Ma langue n’est lisse ni fluide
Elle trébuche, se heurte
Elle n’est ni française, ni anglaise, ni soninké et encore moins arabe

Elle déborde des cases, tente fuir les injonctions
elle est à moi moi moi et c’est en je je je qu’elle est réellement mienne
Ma langue est oral
Vous trébucherez comme je trébuche, tituberez comme je titube

Ma langue fait partie de moi, elle est la forme oral de mon expérience au monde

J’ai écris ce texte en réaction à ce mail. Ça me rassure de savoir que je peux encore écrire ma colère.

04.01.22
Le son d’un peuple

Il parle fort, d’un ton sûr, assuré
Il marque les bonnes intonations au bon moment
Il sait qu’il doit donner une bonne allure à sa langue
Qu’importe le discours qu’il prononcera
Il doit à tout prix leur communiquer par le son
la force du caractère de son peuple
Pendant qu’Itapuka se tient fort et fier,
il apparaît au loin des figures, semblables à des fantômes
Elles avancent, prennent de plus en plus de place dans la salle
On ne sent plus qu’elles
Des sans-visages s’animent à tour de rôle dans une danse
chamanique,
chorégraphie d’un autre monde ou autre monde chorégraphié.